Le ministère a présenté au CSE du 12 juillet un projet d’arrêté* modifiant les programmes d’EMC des cycles 2, 3 et 4 pour une mise en œuvre à la rentrée 2018.
Un calendrier aberrant qui méprise le travail des collègues, des modifications idéologiques à visées médiatiques qui mettent à mal l’École de la confiance dont se gargarise le ministre.
Nous dénonçons un calendrier aberrant
Un calendrier aberrant puisqu’il impose aux collègues d’appliquer le 1er septembre un programme qui aura été publié au BOEN au mieux un mois avant, en pleine période de vacances scolaires.
Nous dénonçons un texte inutile
Pour rappel, on peut déjà lire dans le code de l’éducation (Article L321-3) que la formation dispensée dans les écoles élémentaires (…) assure l’acquisition et la compréhension de l’exigence du respect de la personne, de ses origines et de ses différences. Elle transmet également l’exigence du respect des droits de l’enfant et de l’égalité entre les femmes et les hommes. Elle assure conjointement avec la famille l’éducation morale et civique qui comprend, pour permettre l’exercice de la citoyenneté, l’apprentissage des valeurs et symboles de la République et de l’Union européenne, notamment de l’hymne national et de son histoire.
Nous dénonçons une campagne médiatique qui n'a d'autre but que de montrer que le ministre agit
Il nous a été précisé que ces ajustements avaient pour but de simplifier la tâche des enseignants qui trouvaient, paraît-il, le programme d’EMC complexe à mettre en œuvre.
Or, ces programmes ajoutent à l’existant une entrée en trois thèmes pour afficher les « fondamentaux » chers à notre ministre : « respecter autrui » ; « acquérir et partager les valeurs de la République » ; « construire une culture civique ». On peut douter de l’effet simplificateur de cette « grille de lecture » qui vient se surajouter aux principes organisateurs des programmes.
En outre (et contrairement à la version actuellement en vigueur), aucun accompagnement n’est publié pour aider les collègues, notamment ceux entrant dans le métier, à les mettre en œuvre. On nous promet ces accompagnements pour le mois de septembre !
Nous dénonçons des modifications cosmétiques des contenus
Concernant les cycles 2 et 3, il n’y a aucun changement, si ce n’est un déplacement phrase à phrase du programme de 2015 pour faire entrer le programme existant dans le nouveau triptyque ministériel. Concernant le cycle 4, on peut remarquer quelques ajouts d’objets d’étude qui permettent sans doute de justifier le changement. Quitte à reprendre une partie des programmes de l’Education aux Médias et à l’Information (EMI) pour étoffer un peu les tableaux.
Nous dénonçons des programmes rédigés sans concertation
Alors que les programmes de 2015 avaient été rédigés dans le cadre d’un réelle concertation avec les enseignants, ces « ajustements » n’ont fait l’objet d’aucune concertation. Sans doute pour mieux dénaturer l’esprit des programmes. Car c’est bien d’un changement de philosophie qu’il s’agit.
Nous dénonçons des programmes qui mettent en difficulté les collègues
Les principaux « ajustements et clarifications » résident en fait dans la suppression de tous les conseils de mise en œuvre proposés dans les programmes de 2013 : débat réglé, discussions à visée philosophique, jeux de rôles, productions d’élèves, dilemmes moraux, conseils d’élèves, théatre, coopération… Depuis trois ans, les collègues se sont formés, ont contruit des projets. Devront-ils attendre le mois de septembre pour savoir s’il peuvent réutiliser leur travail ?
Nous dénonçons enfin, et surtout, des modifications idéologiques
Enfin, plutôt que ces programmes bâclés et imposés dans la précipitation, un effort de formation continue et davantage de confiance dans les équipes auraient largement suffit pour ajuster l’Enseignement Moral et Civique !
*Le Conseil Supérieur des Programmes (CSP), suite à la saisine du ministre Jean-Michel Blanquer , a publié à la mi-mai des textes d’ « ajustements et de clarification des programmes » d’Enseignement Moral et Civique (EMC).
Comme il se doit, ce texte a été ensuite repris pas le ministère avant d’être présenté début juillet au Conseil supérieur de l’Education (CSE), instance consultative re présentant les personnels, les usagers et les partenaires de l’État dans l’action éducative.
Comme tout texte réglementaire, ce projet d’arrêté devra être ensuite publié au BOEN.