Un conseil départemental de l’Éducation nationale s’est réuni jeudi 20 novembre. Les débats se sont articulés autour de plusieurs points, notamment les réflexions sur le maillage territorial en lien avec la baisse démographique, le Territoire éducatif rural de la Brenne, l’école inclusive.

Composée de représentant des maires, des conseillers départementaux, des personnels, des associations des parents d’élèves, de membres de la DSDEN, cette instance était présidée jeudi par le secrétaire générale de la préfecture, le préfet étant à Paris. Elle avait pour objectif de faire le point sur la rentrée.

Coline Thomas, Marie Bouroullec, Benoit Peihardy et Mickaël Antoine y siégeaient au titre de notre fédération, l’Unsa Education.

Direction d'école

Pour prolonger notre déclaration liminaire (lire ci-dessous), nous avons insisté sur la charge qui pesait sur les directeurs d’école cette année, qui pleuvent sous les injonctions et les demandes, en plus de leurs missions habituelles, notamment d’enseignement. Nous sommes notamment revenus sur le travail d’archives qui est demandé cette année sur la circonscription de Châteauroux, après celle de La Châtre et avant celles du Blanc et d’Issoudun, et cela sans décharge supplémentaire. 

Le Dasen et son secrétaire général vont retravailler sur ce sujet avec l’IEN.

Maillage scolaire et démographie

L’adjointe au Dasen a dressé un portrait du tissu scolaire dans le premier degré. 

Plus de la moitié des écoles ont moins de trois classes. Seul un tiers des classes est en simple niveau (35,63 %). Cette forte représentation des classes multiniveaux est une particularité du département. 

Entre 2021/2022 et cette année, le département a perdu 1 005 élèves. Le territoire le plus touché par la déprise est celui du Blanc. Néanmoins, le constat de rentrée est de 140 élèves supérieur aux prévisions.

Le taux d’encadrement par classe est de 19,4 pour cette rentrée (E/C). 

Dans le second degré, le département compte

  • Dix collèges entre 4 et 8 divisions (classes)
  • Quatorze entre 9 et 16 divisions
  • Trois collèges à plus de 4 divisions par niveau

C’est la rentrée où la baisse est la plus faible sur ces quatre dernières années (-26 élèves). 

Les lycées généraux ont perdu 86 élèves.

Sur le maillage des collèges, le Dasen et la conseillère départementale en charge du dossier ont indiqué qu’il n’y avait aucune discussion actuellement sur d’éventuelles fermetures ou restructurations. Néanmoins, le Dasen a estimé qu’il y aura forcément à un moment donné une réflexion à avoir.

Observatoires des dynamiques rurales

Des Observatoires départementaux des dynamiques rurales ont été mis en place, avec une réunion départementale en juillet, et des réunions par arrondissement qui se tiennent actuellement pour réaliser un travail plus fin. La situation démographique préoccupante a d’abord des conséquences dans le premier degré. Au-delà de l’école, le Dasen estime qu’il y a une réflexion large à mener sur l’ensemble des services proposés aux enfants et aux jeunes.

Cette démarche inclut les maires, les présidents d’EPCI, les sous-préfètes, les représentants des conseils régional et départemental. En parallèle, les IEN continuent les échanges avec les maires et les présidents d’intercommunalité. Le Dasen a décidé que les entretiens avec les élus seront désormais suivis d’écrits. 

Territoire éducatif rural de la Brenne

Il résulte d’une convention signée entre l’État, l’Éducation nationale et les acteurs locaux à l’automne 2024. Il a trois objectifs :

  • Renforcer la coopération entre l’écoles et les acteurs locaux (santé, éducation physique, social) 
  • garantir aux élèves un véritable pouvoir d’agir sur leur avenir ;
  • renforcer l’attractivité du territoire et le suivi des élèves à besoins éducatifs particuliers.

Il recouvre deux secteurs de collèges (Les Ménigouttes au Blanc et Tournon-Saint-Martin) et d’autres écoles.

Depuis, l’EPCI Val de Creuse et Bélâbre se sont retirés de ce TER. Le Dasen et l’IEN du Blanc ont reconnu la difficulté venant du fait que ce TER ne recouvre pas la totalité de l’EPCI Brenne Val de Creuse. Autre obstacle : un diagnostic insuffisamment partagé dès la création. Le Dasen a reconnu que ce dispositif était sans doute « scolaro-centré », alors qu’il s’adresse à tous les acteurs de la jeunesse, et que nombre d’entre eux ont du mal à s’en emparer. De même, un travail sur la communication externe doit être mené.

Un comité de pilotage se réunit deux fois par an, un comité technique toutes les trois semaines. Des groupes de travail se réunissent également, sur l’école inclusive, la pratique sportive, la persévérance scolaire.

Parmi les actions engagées : des classes bleues pour développer l’aisance aquatique dans le premier degré, un travail de découverte des métiers à destination des élèves du secondaire.

École inclusive

L’IEN ASH est revenue sur la mis en place des Pôles d’appui à la scolarité (PAS). Ces PAS font partie intégrante des pôles ressources, il s’agit selon elle d’un renfort pour certaines situations avec des réponses plus rapides et plus concertées.

En ce qui concerne les AESH, une nouvelle dotation devrait permettre de couvrir totalement les besoins. Plusieurs embauches sont prévues au 1er décembre. Actuellement 93 % des besoins sont couverts.

Le département compte 674 notifications AESH mutualisés (63,4 %) et 391 notifications AESH individualisées.

L’IEN a reconnu des difficultés de recrutement dans certains territoires.

Carte des formations

C’est un travail conjoint avec la Région. Il n’y aura pas d’évolution notable à la prochaine rentrée, mais certaines sont envisagées en 2027 et 2028.

Notre déclaration liminaire

Monsieur le préfet, Monsieur le Dasen,

Mesdames et Messieurs les membres du CDEN,

 

L’année scolaire vient à peine de commencer et nombre de nos collègues regardent déjà avec inquiétude le fléchissement de la courbe de leurs effectifs pour la prochaine rentrée. Chaque école, chaque établissement, chaque collectif de travail assiste année après année au délitement de notre tissu scolaire qui se conjugue à d’autres phénomènes que nous connaissons tous ici : la défiance face à tout ce qui renvoie de près ou de loin à l’État, une perte de mixité sociale, une difficulté accrue d’accompagner au mieux des élèves qui ne peuvent bénéficier d’un parcours de soins adapté.

Pourtant, sans excès d’optimisme, nous sommes persuadés qu’il y a un chemin pour imaginer et bâtir un système éducatif de qualité dans ce contexte sur un territoire comme l’Indre. Notre fédération, très attachée au dialogue social, voit dans la mise en place de l’Observatoire des dynamiques rurales, et son déploiement dans les bassins de vie, l’occasion pour tous les acteurs de prendre à bras le corps ce sujet fondamental. Le système éducatif doit y être envisagé dans sa globalité, tout au long du parcours de l’élève. Le maillage territorial et l’offre scolaire du second degré doivent faire partie des réflexions.

Paradoxalement, cette déprise démographique peut être une chance. « Au lieu de servir à couper dans les effectifs enseignants, la baisse prévue du nombre d’élèves pourrait être l’occasion d’investir à long terme pour améliorer les conditions d’enseignement », écrivait récemment Alternatives Economiques. Pour cela, il y a deux préalables, et de taille : d’une part considérer le service public d’éducation comme un investissement, et non comme une dépense, et prendre en compte, respecter, soutenir les agents qui le font vivre d’autre part.

Cessons par exemple de faire pleuvoir les injonctions sur les directeurs et directrices d’écoles. Même les plus chevronnés sont à bout. Le travail sur les archives qui est demandé cette année dans la circonscription de Châteauroux, après celle de La Châtre, ne passe pas, disons-le tout net. Sur quel temps sont-ils censés, je cite « Compléter le bordereau de prise en charge en fonction des documents retrouvés » ?

Alors que les services civiques étaient devenus un réel appui dans les écoles et les établissements, le rectorat, comme les personnels, ont appris du jour au lendemain que l’académie disposait d’une enveloppe de 295 embauches cette année contre environ 1 200 l’année dernière. Cette baisse est nationale. Derrière ce coup de rabot, ce sont des tâches qu’il a fallu répartir, ajoutant un peu plus à la charge quotidienne. C’est également un manque pour les jeunes de notre département, pour qui cette mission pouvait représenter une entrée dans le monde professionnel, une confiance retrouvée, une motivation pour s’engager dans le service au public.

Nous n’arrivons plus à faire face au défi de l’école inclusive telle qu’elle est mise en œuvre actuellement. Il a fallu une commission d’enquête parlementaire pour que nous puissions connaître les chiffres de l’accompagnement dans notre département : à la rentrée, 27 % des élèves étaient en attente d’une notification, soit 293 élèves pour 1103 notifications. Nombre de nos collègues AESH souffrent des conditions de travail qu’on leur impose, avec des affectations tardives, des accompagnements mutualisés qui confinent au saupoudrage, et un management à revoir. Comment ne pas être pris pour un pion quand on leur assène, lors d’une formation : « Tout refus de changement d’affectation sera considéré comme un abandon de poste et pourra faire l’objet d’un licenciement » ? N’y a-t-il pas de place pour le dialogue, la prise en compte de certaines situations personnelles, comme c’est d’ailleurs le cas pour d’autres personnels des métiers de l’éducation ? Nombre de ces collègues ont pourtant acquis une solide expertise dont l’école a besoin. Les voir quitter le navire serait une perte, une erreur, un échec.  

Quant aux chefs d’établissement, ils souhaitent aujourd’hui exprimer collectivement leurs inquiétudes, qui deviennent difficiles à ignorer tant elles s’intensifient au fil des mois. Dans leur établissement, ils font face à une multiplication d’injonctions et de demandes d’enquêtes, souvent dans des délais très courts, qui grignotent le temps nécessaire au pilotage pédagogique et à l’accompagnement des équipes.

Parallèlement, les moyens qui leur permettraient d’agir efficacement diminuent. La baisse des volumes liés aux pactes, la raréfaction des IMP, la disparition de dispositifs essentiels comme Je Réussis au Lycée, fragilisent leur capacité à soutenir les élèves qui en ont le plus besoin. Certains EPLE se retrouvent même en grande difficulté pour financer leurs projets pédagogiques, les écrêtements successifs ayant appauvri leurs marges de manœuvre année après année.

À cela s’ajoutent des discussions sur les prévisions d’effectifs qui s’annoncent particulièrement tendues. Elles génèrent incertitude et inquiétude, alors même que nous avons collectivement besoin de visibilité pour anticiper, construire, et garantir un cadre d’apprentissage stable.

Le tableau global est sombre : les personnels s’épuisent, faute de lisibilité et de perspectives claires. Pourtant, malgré la fatigue et les contraintes, nos équipes restent profondément engagées. Leur sens du service public ne faiblit pas, mais il ne pourra pas tout compenser indéfiniment

Pour conclure, nous sommes convaincus que des conditions de travail optimales des personnels de l’éducation et la réussite des élèves sont étroitement liées. Là encore, il conviendrait de s’interroger sur cette notion de réussite et sur les choix d’orientation de nos élèves. Manque d’audace, choix raisonnables, peur de l’éloignement, attachement au territoire, adaptation aux offres de formation locales, problèmes de mobilité sont autant de facteurs documentés par la recherche et qui nous concernent, nous questionnent collectivement, chacun à notre niveau.

Nous vous remercions.


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