Démographie, certes ! Et si on parlait de la réalité de nos classes, de nos élèves ? Encore faudrait-il que notre employeur s’intéresse à ses personnels (75% de femmes) !

C’est ce que nous avons dit dans notre décl/alerte préalable (que vous trouverez ci-dessous ou en pdf ). Déclaration qui a fait mouche notamment sur le sujet des enfants ayant des troubles du comportement et l’enfance en danger dans notre département. Nous avons eu des réponses du Dasen, du Préfet et du Vice-Président du Conseil Départemental (Compte-rendu ici). Nous allons transmettre cette déclaration aux parlementaires de notre département afin de les connecter à la réalité de nos classes.

Monsieur le Préfet, M. le Vice-Président du Conseil Départemental, M. le Directeur Académique, mesdames et messieurs les membres du CDEN 22,

Nous remercions les personnels des services de la direction académique pour le travail fourni et les  informations transmises. A l’UNSA Éducation, nous ne les oublions jamais et savons qu’ils font au mieux avec les moyens qui sont donnés. Nous les remercions également des échanges que nous pouvons avoir avec eux afin de tenir compte de la dimension humaine des mesures.

Ce CDEN se tient ce 20 novembre, date fortement symbolique, encadrée par deux autres dates fortes, à savoir le 13 novembre et le 25 novembre.

Dix ans après le 13 novembre 2015, l’UNSA Éducation rend à nouveau hommage aux victimes, pense à leurs familles et leurs proches, nous n’oublions pas Samuel Paty et Dominique Bernard. L’UNSA Éducation pense à toutes les personnes engagées, parfois au péril de leur vie, qui dans nos services publics protègent, enseignent, soignent, accompagnent et font vivre nos valeurs. Premiers mots à retenir : service public, personnels.

25 novembre : seconde date très forte, journée internationale de lutte contre les violences à l’égard des femmes. L’UNSA Éducation réaffirme, aux côtés de la CGT, FSU, SUD et la CFDT, sa volonté d’en finir avec le fléau des violences sexistes et sexuelles. Troisième mot à retenir : femmes.

Nous vous alertons souvent dans cette instance sur l’enfance en danger, voici quelques données générales à l’occasion de la journée internationale des droits de l’enfant, en ce 20 novembre.

– 13 % des enfants de 6 à 11 ans présentent un trouble psychique (enquête ENABEE).

– 15 % des adolescents sont à risque élevé de dépression.

– 30 % des enfants n’ont pas de médecin traitant alors qu’ils sont entre 20 et 30 % d’une classe d’âge à présenter des troubles visuels non diagnostiqués.

– Un enfant meurt tous les cinq jours des suites de violences dans notre pays.

– Deux enfants par classe sont victimes de violences sexuelles (CIIVISE, 2023).

Quatrième et cinquième mot à retenir : enfants, santé mentale.

À la rentrée 2025, près d’un enfant en situation de handicap sur sept n’a pas d’AESH, sans compter les élèves qui ne bénéficient pas assez d’heures d’accompagnement AESH. Ce n’est pas nous qui le disons mais le nouveau ministre de l’Éducation nationale, Edouard Geffray, lors de son audition à la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les défaillances des politiques publiques de prise en charge de la santé mentale et du handicap et les coûts de ces défaillances pour la société.

Sixième et Septième mot à retenir : inclusion, AESH.

Quel est le point commun entre service public, personnels, femmes, enfants, santé mentale, inclusion, AESH ?

Eh bien c’est très simple, il s’agit des grands oubliés de toutes les discussions en cours pour l’élaboration du futur budget 2026. Et le second point commun entre tous ces mots est qu’il concerne directement l’école publique.

Il me faut apporter un bémol, ils n’ont pas totalement été oubliés puisque l’on projette de fermer des postes en nombre conséquent. Certains parlementaires surenchérissent même sur le sujet sous couvert de la baisse démographique, on peut fermer à tout va !

Et là les mots (maux ?) que nous avons cités en point commun prennent alors toute leur importance. M. le Préfet, nous vous demandons d’en faire part au ministère afin qu’une autre focale que la démographie, que nous ne nions pas, soit étudiée pour la future carte scolaire.

Pourtant la plupart des constats et alertes que nous portons émanent des propres services de l’état, d’organismes publics ou de rapports parlementaires.

Pour l’UNSA Éducation, alors que nous sommes en train de faire le bilan de la rentrée passée, se profile déjà la prochaine rentrée. Nous ne pouvons passer sous silence l’état actuel des personnels de l’Éducation qui sont en souffrance au travail, là encore cela est attesté par les enquêtes internes du ministère.

Sur la santé au travail, de nombreuses données existent (accidentologie, DUERP, registres, congés, vieillissement des agents), mais on fait comme s’il n’y avait pas de problèmes.

Ce sont pourtant les personnels qui tiennent à bout de bras notre service public d’Éducation, bien qu’ils soient oubliés par leurs ministres successifs de tutelle.

Pour l’UNSA Éducation, si l’on veut parler d’égalité professionnelle femme-homme, la première chose à faire devrait être de considérer et de prendre en compte les conditions de travail de ses personnels tout court, et donc des femmes qui représentent plus de 75 % dans l’Éducation.

Concernant les risques psychosociaux et leurs conditions de travail, les personnels de l’Éducation alertent leur hiérarchie par le biais des fiches Santé et Sécurité au Travail. Dans cette instance nous évoquons régulièrement leur nombre et contenu inquiétant.

L’an dernier, il y a eu 736 fiches dans notre département, pour 185 établissements, dont plus de 140 écoles différentes. Plus des 2 /3  de ces fiches alertent sur la violence subie verbalement ou physiquement par des personnels, violence émanant parfois d’enfants très jeunes… Et quelle violence ! Cela continue puisque depuis la rentrée il y a eu 215 fiches, 70% de ces fiches concernent des faits de violence. La nouveauté est qu’il y a en plus de 11% d’entre elles qui concernent des agressions de parents.  A signaler que quelques fiches font état d’une agression verbale forte d’un maire envers les enseignants, durant un conseil d’école, et c’est inadmissible.

La santé mentale est aussi une priorité gouvernementale tout comme l’est l’inclusion. Eh bien si c’est vraiment le cas, il faut en tenir compte lors des moyens qui sont donnés en carte scolaire. Ne pas fermer de classes c’est donner de réels moyens à ces priorités affichées.

Décréter l’École inclusive ne suffit pas, il faut des moyens !

En ce qui concerne les AESH, la pénurie n’est pas une surprise. Les causes des difficultés actuelles sont connues : contrats précaires, salaires faibles, formations limitées, conditions de travail difficiles, parfois avec des missions floues et des plannings éclatés, repoussent les candidats. Si l’École inclusive est une ambition partagée et affirmée par les politiques publiques, elle ne pourra se concrétiser pleinement sans une reconnaissance réelle et durable du rôle des AESH. Créer un statut de fonctionnaire, investir dans leur formation et renforcer la cohérence du suivi ne sont pas des options mais des conditions essentielles pour garantir une inclusion scolaire de qualité, au service des élèves comme de la communauté éducative dans son ensemble.

A propos d’oubli, notre nouveau ministre semble avoir oublié, lors de ses constats sur l’école, qu’il a activement participé à la mise en place de la politique Blanquer-Macron depuis le début. Il a aussi oublié de respecter ses personnels et leurs représentants, les représentants de parents d’élèves et des élèves ce jour, en Conseil Supérieur de l’Éducation, qu’il a quitté quelques minutes après son début pour aller communiquer sur les résultats des évaluations nationales… Chacun ses priorités. Pour l’UNSA Éducation, celle d’un ministre devrait être ses personnels, les usagers de l’École et pas un énième plan de communication avec un public choisi…

Une fois encore, c’est son choix, notre ministre a ses enfants scolarisés dans le privé, où, je le cite : « Les enseignements sont par nature les mêmes et doivent être les mêmes. », il dit aussi que « Les règles y sont les mêmes. ». Pas pour tout en ce qui nous concerne, il y a notamment beaucoup plus d’opacité.

Le même ministre, une semaine auparavant, avait indiqué que « la situation de l’école était extrêmement inquiétante », pointant du doigt les « inégalités scolaires adossées aux inégalités sociales » et la « santé psychique et physique des élèves ». Là nous le rejoignons totalement, les règles ne sont effectivement pas les mêmes.

Le 12 novembre dernier au lycée Drouant à Paris, le CNAL, dont le SE-UNSA et l’UNSA Éducation sont des membres très actifs, a tenu son colloque. Les analyses des experts ont permis de donner corps à une réalité statistique désormais connue : le public fait au moins aussi bien que le privé, mais l’Institution n’en assure pas la promotion. Dans un contexte de concurrence déloyale (financement ou image véhiculée), l’École publique laïque arrive, grâce à son savoir-faire, à l’implication des familles et au dévouement de ses personnel. Un véritable tour de force, c’est ce que confirme l’enquête commandée par le CNAL auprès de l’IFOP. 

Nous terminerons en indiquant que le SE-UNSA a porté nationalement et localement une inquiétude forte sur l’avenir des INSPE dans notre Académie, et donc dans notre département.

Nous vous remercions de votre attention.

Robin Maillot et Marie Le Douce pour l’UNSA Éducation des Côtes d’Armor


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