L’Observatoire Départemental des Dynamiques Rurales s’est réuni cet après-midi sous la présidence du sous-préfet, représentant du préfet et du DASEN, M. Djemmal. Etaient présents également : plusieurs inspecteurs, de nombreux élus et maires, ainsi que le député M. Taupiac. Les responsables syndicaux étaient également présents. C’est la première fois depuis l’existence de cet espace de dialogue.
Un contexte partagé : un département très rural et en forte baisse démographique
En ouverture, le DASEN a rappelé que notre département est le troisième le plus rural de France, une particularité qui accentue la fragilité des écoles isolées.
Les projections démographiques ont été jugées alarmantes : une perte annoncée de 1027 élèves entre 2025 et 2028. Les moyennes d’élèves par classe illustrent ces écarts :
Urbain : 19,26 élèves par classe
Rural : 18,72 élèves par classe
Moyenne nationale : environ 21
Le député M. Taupiac a insisté sur le fait que tous les acteurs sont unanimes quant à ce constat de baisse continue des effectifs.
Les axes de travail affichés par le DASEN : repenser l’organisation scolaire rurale en vue de la prochaine carte scolaire
Questionnement sur la pérennité pédagogique des écoles fragilisées, notamment les classes uniques.
Le DASEN a rappelé les enjeux de sécurité, de continuité pédagogique et de coûts liés à ces structures très isolées.L’évolution du périmètre de certains RPI existants, afin d’en améliorer la cohérence.
La création possible de nouveaux RPI entre écoles aujourd’hui autonomes, lorsque les effectifs sont insuffisants.
Le développement d’écoles à quatre classes et plus, présentées comme les structures les plus stables d’un point de vue pédagogique.
Interventions du député : concertation, cohérence et capacité de rebond
Le député M. Taupiac a tenu un discours centré sur la nécessité d’une concertation globale, dépassant les stratégies purement individuelles.
S’adressant aux maires, il a estimé que « si chacun s’accroche à son école dans son petit village, on ne se rend pas service ». Selon lui, une défense isolée de chaque école conduirait, à moyen terme, à des fermetures encore plus brutales.
Il a également reconnu que la fermeture d’une école pouvait être vécue comme un traumatisme pour une commune, mais a insisté sur la capacité des villages à rebondir.
Il a donné plusieurs exemples de réhabilitations réussies d’anciens bâtiments scolaires : locaux professionnels, équipements communaux, et notamment la création d’un auditorium qui « apporte de la vie » dans une commune gersoise.
Il a conclu en disant qu’il ne faut pas subir la carte scolaire : il faut la réfléchir.
Intervention du président de la CAF : maintenir la vie enfantine dans les villages
Le président de la CAF a indiqué que même en cas de réorganisation ou de fermeture, il était possible de maintenir une dynamique familiale sur les territoires ruraux :
Création de pôles petite enfance,
Développement de MAM (Maisons d’Assistantes Maternelles),
Mise en place d’espaces d’accueil et de services aux familles.
Selon lui, ces dispositifs permettent de conserver une présence d’activité et de vie dans les communes.
Contraintes exprimées par les élus
Les maires ont largement témoigné des difficultés rencontrées dans la gestion de leurs écoles rurales :
Restauration scolaire difficile dans les RPI dispersés :
portage des repas coûteux, refus de prestataires, difficultés de recrutement des cantinières.Contraintes budgétaires :
certains élus n’ont pas encore terminé de financer leurs derniers travaux que des mises aux normes les obligent déjà à réinvestir.Baisse démographique affectant leur capacité d’anticipation.
Sentiment d’isolement territorial, notamment exprimé par un élu de l’ouest du département, qui demande davantage d’accompagnement.
Peu d’installation de jeunes ménages, limitant le renouvellement démographique.
Exemples de réorganisation proposé par l’inspectrice de la circonscription Nord-Ouest et le responsable de la DOS
L’inspectrice a présenté un RPI de sa circonscription composé exclusivement de classes uniques très proches les unes des autres.
L’idée avancée serait de regrouper les élèves d’élémentaire sur des pôles plus resserrés, afin d’éviter la multiplication de petites classes uniques dispersées, tout en maintenant une proximité acceptable.
Un autre exemple a été évoqué au cours de la réunion par le responsable de la DOS (organisation scolaire), portant cette fois sur la refonte du réseau des écoles sans que les communes concernées ne soient citées. Il ne s’agissait pas d’un RPI à proprement parler, mais d’une réflexion globale sur la réorganisation du maillage scolaire local. L’idée générale consistait à repenser l’ensemble du réseau autour de deux pôles complémentaires : d’un côté, un pôle plus urbain, et de l’autre, un pôle davantage rural. Dans cette configuration, seules une ou deux classes uniques seraient maintenues dans les communes les plus proches, tandis que d’autres classes uniques, jugées trop isolées ou trop difficiles à pérenniser, seraient amenées à fermer.
Pour rappel, voici nos positions sur le sujet :
1. La baisse démographique doit servir à améliorer l’école, pas à la fragiliser
Nous demandons que la diminution des effectifs soit mise au service d’une amélioration des conditions de travail des personnels et des conditions d’apprentissage des élèves, et non d’une réduction mécanique de l’offre éducative.
2. Le bâti scolaire : priorité à la rénovation énergétique
Nous insistons sur l’importance d’utiliser les réorganisations pour réfléchir à des écoles mieux isolées, résistantes au chaud comme au froid, avec des bâtiments rénovés et adaptés aux exigences énergétiques actuelles.
3. Attention aux temps de trajet des élèves
Nous alertons sur les risques d’un allongement des déplacements dans le cadre de réorganisations de RPI.
Il est indispensable de maintenir une cohérence entre lieu de vie et lieu d’école, pour ne pas désorganiser la vie familiale ni fatiguer les enfants par des trajets excessifs.
Conclusion
Cette réunion de l’Observatoire Départemental des Dynamiques Rurales a permis de dresser un constat partagé : la baisse démographique est réelle, profonde, et l’organisation scolaire rurale doit être repensée.
La réunion n’avait pas vocation à entrer dans les détails : aucune commune, aucun RPI n’ont été cités, même l’exemple donné pour la circonscription Nord-Ouest est resté anonyme.
Il s’agissait avant tout de poser un constat démographique et de permettre au DASEN de présenter les grandes lignes de ses objectifs de réorganisation.
Si l’administration insiste sur une démarche collective pour “mailler” de façon cohérente le département lors de la prochaine carte scolaire, nous rappelons que cette réflexion devra être transparente, concertée et réellement attentive à la réalité des territoires, des élèves et des personnels, pour éviter des décisions descendantes et brutales.
CALENDRIER DE LA CARTE SCOLAIRE :
En raison des élections municipales, les opérations de carte scolaires ne se feront probablement qu’après les résultats des élections municipales (dates : 15 et 22 mars 2026).
De ce fait il est très probable que le calendrier du mouvement soit impacté et que nous ayons la publication des résultats bien plus tard…