Mesdames et Messieurs les membres de la FSSSCT,
Dans cette instance comme au quotidien, la santé, les conditions de travail et le bien-être des personnels sont au cœur de nos préoccupations. Or cette rentrée s’est faite sous tension et de nombreux collègues nous font part d’une colère légitime.
Ils s’inquiètent par exemple des effets concrets des nouvelles modalités d’indemnisation en cas d’arrêt maladie ordinaire (jour de carence, compensation à hauteur de 90 pour cent des arrêts), sur l’aspect financier certes mais aussi sur le risque de voir venir travailler des gens malades… Inquiétude aussi sur l’impact de l’allongement de la durée de cotisation et de travail pour les retraites pour la santé et les conditions de travail.
Au Se Unsa, nous accompagnons de plus en plus de collègues en souffrance. L’ASL, l’autonome de solidarité laïque, signale d’ailleurs notre académie Nancy Metz parmi les académies les plus exposées en terme de RPS avec un nombre de suivi de dossiers de plus en plus important, les directeurs d’école étant les personnels les plus exposés aux RPS. En effet, ils sont soumis à des injonctions ministérielles pressantes (EVAR, évaluations, plan maths, égalité filles-garçons..) à une charge de travail croissante, à une charge mentale importante, aux doléances de parents parfois très agressifs… Ainsi, comme l’ASL, nous constatons nous aussi au SE Unsa « un climat de tension préoccupant » et déplorons que, je cite, « Les insultes, menaces et mises en cause sont désormais perçues comme « ordinaires ». Ce qui relevait de l’exception devient la norme, nourrissant une usure silencieuse et une perte d’autorité durable. »
C’est aussi inscrit dans le rapport de la médecine de prévention cite les violences externes que représentent les agressions ou accusations de parents ou d’élèves dont des menaces sur les réseaux sociaux. Ce rapport énumère aussi des violences internes, des conflits avec la hiérarchie ou entre collègues, la pression psychologique, la charge mentale, l’absence de tuilage, l’ absence de reconnaissance, les conflits de valeurs, les situations de difficultés administratives, la désadaptation professionnelle, le difficulté d’adaptation lors d’un premier poste ou lorsque les missions évoluent, l’épuisement professionnel voire le burn out
Cette rentrée scolaire se déroule donc dans un climat de colère et d’inquiétude grandissante. Comment enseigner sereinement quand les moyens d’inclusion ne suivent plus, quand les élèves sont de plus en plus difficiles à accompagner, et quand les relations avec certains parents deviennent violentes ? Le registre santé sécurité au travail regorge malheureusement de ces trop nombreuses situations auxquelles nous savons que vous êtes attentifs.
Comment donc accepter l’inclusion telle qu’elle existe aujourd’hui ? Des élèves « mal accompagnés » c’est-à-dire des enfants dont les besoins sont reconnus par la MDPH mais qui bénéficient de si peu d’heures d’accompagnement que l’impression est souvent celle d’un « pansement sur une jambe de bois », d’une apparence d’aide qui ne trompe plus ni les parents ni les enseignants et se fait au détriment des élèves, les premiers concernés, une sorte de « jeu de dupes ». La mutualisation, par manque de moyens pour individualiser l’aide nécessaire, permet peut-être de respecter la législation mais l’aide apportée est de ce fait trop souvent inopérante. L’accompagnement par un personnel AESH devrait permettre une mise en confiance de l’élève, un suivi des cours et du travail scolaire, un projet et des progrès, ce qui ne semble plus être la réalité aujourd’hui . Les conditions de travail obligent à une gestion de la pénurie et le redéploiement des secteurs et des élèves complique encore la mission de nos collègues AESH. C’est alors une inclusion qui maltraite l’élève concerné, la classe entière, les AESH et les enseignants… Ce n’est pas l’engagement, voire le sur-engagement, de ces professionnels de l’éducation qui doit pallier le désengagement de l’Etat.
Comment protéger les équipes éducatives quand les moyens humains et matériels s’amenuisent ? Enseignants, AESH, assistants d’éducation : tous sont en première ligne, souvent sans formation adaptée, sans soutien, et avec un sentiment d’abandon croissant. Temps partiels thérapeutiques, arrêt, épuisement… Au Se Unsa, nous ne pouvons que nous associer à la demande de la médecine de prévention qui indique dans son rapport que « La possibilité de rencontrer à plusieurs reprises un psychologue du travail, dans le cadre d’une équipe pluridisciplinaire de santé au travail, serait un véritable apport dans la gestion de cette problématique. »
Pour gagner en sérénité, il faut également améliorer la confiance et la communication entre l’administration et les collègues enseignants ou AESH. Les problèmes sont parfois dans la classe ou avec les familles mais aussi dans le travail périphérique, les consignes, les réunions, le flou autour de certaines missions. Les collègues se sentent comme des « pions », des numéros interchangeables : la manière de communiquer les instructions ministérielles, d’accuser réception d’une demande de collègues et d’informer de délais de réponse, de ne pas laisser sans réponse les signalements des AESH dans le registre, la poursuite d’un dialogue social « constructif », la reconnaissance du travail effectué par chacun peuvent et doivent permettre d’améliorer la situation.
Au SE Unsa nous voulons une école publique forte, capable d’instruire, d’accompagner et de protéger, une Ecole qui respecte ses personnels et donne à chacun les moyens de s’y sentir en sécurité.
Merci pour votre attention.