Le Conseil départemental de l’éducation nationale (CDEN) s’est tenu le 13 novembre, en présence de Monsieur le Préfet et de Monsieur le Directeur académique. L’ordre du jour portait sur le bilan de la rentrée 2025 dans les écoles et les collèges du Gard.
Alors que les autres départements paraissent globalement préservés des baisses de moyens, et que l’Hérault en obtient même davantage, les chiffres laissent penser que le Gard pourrait être le principal perdant de cette carte scolaire.
Bilan général de la rentrée 2025 dans le Gard
La rentrée scolaire 2025 s’inscrit dans un contexte national de forte contrainte budgétaire (voir notre déclaration liminaire ICI). Mais c’est surtout la répartition des suppressions de postes au sein de l’académie qui interroge : alors que l’académie dans son ensemble ne perd que 10 ETP, le Gard en perd à lui seul 12. Autrement dit, le département contribue seul à plus que la totalité de la baisse académique, faisant figure de grand sacrifié de cette carte scolaire 2025.
Interpellé sur ce déséquilibre, le Directeur académique du Gard réfute toute logique strictement comptable. Selon lui, il n’existe pas de corrélation mécanique entre la démographie et les suppressions d’emplois. Il affirme également que le Gard n’est pas le département le moins doté de l’académie, et que la répartition des moyens résulte de choix académiques visant à corriger les déséquilibres historiques entre les territoires.
Le DASEN rappelle par ailleurs que trois PAS ont été ouverts dans le Gard à la rentrée : au collège Jules Verne (Nîmes), Denis Diderot (Alès) et Le Bosquet (Bagnols-sur-Cèze). Il ajoute que le passage éventuel des PAS vers les PIAL ne relèverait d’aucune logique d’économie, chaque PAS étant financé à hauteur de 2 ETP (Equivalent Temps Plein) par la DSDEN.
Point sur la rentrée dans les écoles du Gard
Les effectifs du premier degré ont de nouveau reculé cette année : le Gard a perdu 972 élèves entre 2024 et 2025, une baisse qui touche toutes les circonscriptions sans exception. Le département accueille ainsi 59 127 élèves à la rentrée 2025. Cette tendance s’inscrit dans une dynamique démographique durable, qui devrait même s’accentuer en 2026, avec une prévision de –1 200 élèves supplémentaires.
Cette diminution a mécaniquement amélioré le taux d’encadrement. Concrètement, l’école “type” du Gard compte désormais environ 22 élèves par classe, répartis sur 4,5 classes en moyenne.
École inclusive : des besoins importants, des réponses à nuancer
L’UNSA Éducation a rappelé plusieurs évolutions préoccupantes : la diminution progressive du nombre de postes depuis 2019, la dégradation des conditions d’apprentissage, l’intensification des exigences liées aux élèves à besoins éducatifs particuliers, ainsi que la disparition de dispositifs structurants comme « Plus de maîtres que de classes » ou le maintien du RASED uniquement dans les zones d’éducation prioritaire.
En réponse, le DASEN a apporté plusieurs éléments chiffrés pour nuancer ce constat. Il souligne que 60 ETP RASED sont actuellement en fonction dans le Gard, soit le volume le plus élevé de l’académie (à titre de comparaison : 10 dans l’Aude et moins de 60 dans l’Hérault). Il rappelle également qu’aucune suppression de poste RASED n’est intervenue depuis 2023.
Le DASEN a insisté par ailleurs sur la richesse des dispositifs existants dans le département. Le Gard dispose de l’ensemble des structures prévues nationalement, comme le lycée Camus, identifié comme premier DAR de France, ou encore la création d’une UEP en 2025 (unité d’enseignement polyhandicapée au collège Jules Verne à Nîmes). Pour renforcer un réseau déjà dense, 5 ULIS supplémentaires ont également ouvert à la rentrée 2025. Pour lui, le Gard est le département le mieux loti de l’académie : 86 % des élèves notifiés bénéficient d’une aide humaine, un taux bien supérieur à ceux observés dans l’Hérault (70 %) et les Pyrénées-Orientales (60 %).
L’Unsa Education a nuancé fortement le propos du Dasen. Malgré ces indicateurs apparemment favorables, les équipes continuent d’alerter sur la dégradation des conditions de travail, l’épuisement lié aux besoins croissants des élèves et le manque de moyens pour les accompagner correctement. Ce décalage entre les chiffres présentés et la réalité du terrain interroge plus que jamais. Certes il y a légèrement plus de dispositifs qu’ailleurs mais les moyens sont largement insuffisants compte tenu des besoins.
Point sur les collèges du Gard
La baisse démographique engagée depuis 2023 dans le second degré se confirme à la rentrée 2025 : les collèges du Gard accueillent désormais 27 515 élèves. Pour amortir cet effet, le DASEN annonce avoir maintenu 26 divisions “blanches” à titre structurel et avoir injecté 2 000 HSE dans 25 collèges. Une “division blanche” est une classe maintenue administrativement dans la dotation d’un collège, même si elle n’est pas entièrement justifiée par les effectifs.
Sur le plan des résultats scolaires, le bilan demeure contrasté. Les résultats du Brevet 2025 restent inférieurs aux moyennes académique et nationale, tandis que la tendance apparaît plus positive au Baccalauréat. Le département continue cependant d’afficher un taux d’orientation en 2GT inférieur à la moyenne académique, ce qui interroge sur les marges de manœuvre réelles laissées aux établissements.
Le climat scolaire soulève aussi des inquiétudes : les signalements d’absentéisme augmentent, particulièrement au collège. Le DASEN dit vouloir réduire les exclusions définitives et précoces, et indique qu’un groupe de travail “zéro exclusion” a été lancé afin de réfléchir à des pistes d’action.
Dotations et infrastructures
La Dotation Générale de Fonctionnement versée par le Conseil départemental atteint 7 283 020 € pour 2025. Elle se compose :
- d’une part fixe par établissement,
- d’une part variable de 50 € par élève, majorée de +40 € en REP et +60 € en SEGPA,
- d’une part modulée selon le fonds de roulement de chaque collège.
À cela s’ajoute un budget de 6 millions d’euros consacré à la maintenance annuelle des collèges. Plusieurs chantiers lourds sont également engagés : reconstructions (Saint-Gilles, Villeneuve-lès-Avignon) et travaux de maintenance dans de nombreux établissements (Ada Lovelace, R. Rolland, Bellegarde, Roquemaure, Racine à Alès, Ventadour à Bagnols-sur-Cèze, Aigues-Mortes, Le Vigan, Aramon, Gallargues, Saint-Ambroix…).
Pour comparaison, la dotation dédiée au privé s’élève à 5 millions d’euros.