Afin de savoir ce que pensent réellement les enseignants des évaluations nationales standardisées, le SE-Unsa les a interrogés.

Ne pas maintenir les évaluations nationales à l’identique

Si les évaluations n’étaient plus obligatoires, 60 % des répondants ne les feraient plus passer, tandis que 4 % les feraient passer à l’identique. Les répondants restants les feraient passer partiellement ou entièrement, mais avec des aménagements.

Le temps constitue le premier argument négatif pour 70 % des répondants : pour les collègues du premier degré, la passation et la saisie des résultats sont chronophages ; quant aux collègues du second degré, ils déplorent que le temps consacré à ces évaluations réduise celui dédié aux apprentissages.

Toujours dans le second degré, les difficultés d’accès à une salle numérique, nécessaire à la passation, sont relevées.

La moitié des répondants pointe des évaluations non adaptées au contexte de leur école et plus d’un tiers considèrent qu’elles ne leur apprennent rien sur leurs élèves.

Des évaluations qui mettent les élèves en difficulté

De nombreux collègues considèrent que ces évaluations tombent trop tôt dans l’année et mettent en difficulté les élèves les plus fragiles. Dans les classes multiniveaux, la passation est un vrai casse-tête. La fluence est également souvent pointée comme difficile à organiser lorsqu’il faut gérer tout le groupe classe en même temps. Enfin, beaucoup considèrent qu’elles ne reflètent pas le niveau réel des élèves et qu’elles ne permettent pas d’analyser correctement leurs démarches réflexives.

Des spécificités 1er/2nd degré

Dans le premier degré, près de 70 % des répondants n’ont pas eu de suivi renforcé de leurs pratiques pédagogiques mis en place par leur IEN à la suite des évaluations. Lorsque ce suivi a eu lieu, il a été imposé sans concertation ni échanges préalables dans 44 % des cas, et pour seulement 1/3 des cas, l’équipe a été consultée lors d’un conseil des maîtres.

Dans le second degré, pour plus de 80 % des répondants, il n’y a pas eu de mise en place pédagogique et les évaluations n’ont contribué à la constitution des groupes de besoins en français et en mathématiques en 6eque pour seulement 10 % des répondants, et pour moins de 4 % en 5e. En 4e, moins de 4 % également se sont appuyés sur les évaluations pour construire des solutions pédagogiques visant à faire progresser les élèves (groupes ou autres). Enfin, pour 85 % des répondants, le chef d’établissement n’a pas mis en place de suivi renforcé des pratiques pédagogiques.

Des réponses plus qualitatives que celles de la Depp

L’enquête de la Depp qui paraît chaque année ne permet pas aux enseignants de dire ce qu’ils pensent réellement des évaluations nationales, ni de formuler des propositions d’aménagement. Cette enquête porte sur des aspects logistiques et démotive probablement les nombreux enseignants qui souhaiteraient que le protocole évolue.

L'avis du SE-Unsa

Pour le SE-Unsa, ces évaluations ne répondent pas à la commande. Elles ne servent pas, ou très peu, à un pilotage local qui s’appuie sur les besoins réels des équipes et elles mettent en difficulté de nombreux élèves sans permettre d’aider ceux qui en auraient le plus besoin. Trop longues, avec des exercices qui évaluent davantage la capacité des élèves à éviter les pièges plutôt que leur maîtrise de la compétence travaillée, elles perturbent fortement le début d’année des élèves et des enseignants.

Depuis leur mise en place, le SE-Unsa revendique que ces évaluations soient non-obligatoires. Chaque équipe devrait pouvoir se saisir de ces évaluations à sa guise et de façon concertée, en les adaptant et en choisissant les items qui lui semblent pertinents. Si le ministère tient tant à ces évaluations, notamment avec une visée chiffrée, une passation sous forme de panel suffirait à la Depp pour proposer un relevé statistique du niveau des élèves.


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