Les chiffres préoccupants dévoilés par le ministère illustrent les impasses actuelles de l’École inclusive.

À la rentrée 2025, près d’un enfant en situation de handicap sur sept n’a pas d’AESH, sans compter les élèves qui ne bénéficient pas assez d’heures d’accompagnement AESH. Le nouveau ministre de l’Éducation nationale, Edouard Geffray a réagi sur les chiffres communiqués pas son ministère et a admis que la situation était préoccupante lors de son audition à la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les défaillances des politiques publiques de prise en charge de la santé mentale et du handicap et les coûts de ces défaillances pour la société. 520 600 élèves en situation de handicap sont scolarisés à la rentrée 2025, et sur 352 102 élèves notifiés pour un accompagnement par un AESH, 48 726 étaient sans solution soit 1 élève en situation de handicap sur 7, contre 36 186 à la rentrée 2024. Soit une augmentation d’environ 35 % en un an.

Des disparités territoriales très importantes

Les écarts entre académies sont vertigineux. La situation est très difficile en Île-de-France et dans les Bouches-du-Rhône. L’académie d’Aix‑Marseille recense 22 568 enfants notifiés et 7 587 en attente d’AESH, soit un taux de carence de 33 %. À Bordeaux, le taux est de 2,95 %. Ces différences ne peuvent s’expliquer seulement par des besoins différents. Elles révèlent des difficultés majeures dans les capacités locales de recrutement, les choix d’affectation, et surtout des inégalités d’accès à l’accompagnement selon le lieu de résidence, la dégradation inquiétante et la possibilité de régulation financière avec la gestion des AESH ayant une mission mutualisée. Le ministre s’engage à demander aux recteurs d’échanger et de partager les bonnes pratiques. Le SE-Unsa affirme que cette situation n’est pas acceptable : elle pénalise les élèves, les personnels et les familles, et participe à la dégradation continue des conditions de travail.

Décréter l'École inclusive ne suffit pas, il faut des moyens !

Ces nombres révélés ne sont pas de simples statistiques, ils correspondent à des élèves privés d’un soutien essentiel pour leur scolarité. Les enseignants dans leur immense majorité ne remettent pas en cause la scolarité des élèves en situation de handicap en milieu ordinaire, mais ils ont besoin d’être entendus et soutenus. Sans AESH en nombre suffisant, il est fort à parier que les résultats alarmants de l’enquête Talis de l’OCDE vont toujours être d’actualité.

Cette enquête révèle que les enseignants français se distinguent clairement de leurs collègues européens : ils sont bien plus nombreux à signaler des élèves en difficulté ou présentant des besoins éducatifs particuliers selon la définition de l’OCDE. 49 % des enseignants indiquent que la principale source de stress est l’adaptation des cours, 62 % des enseignants contre 39 % dans l’OCDE évoquent des difficultés pour suivre les exigences institutionnelles.

Des réponses insuffisantes du ministère

En ce qui concerne les AESH, la pénurie n’est pas une surprise, les causes des difficultés actuelles sont connues : contrats précaires, salaires faibles, formations limitées, conditions de travail difficiles, parfois avec des missions floues et des plannings éclatés, repoussent les candidats. Si l’École inclusive est une ambition partagée et affirmée par les politiques publiques, elle ne pourra se concrétiser pleinement sans une reconnaissance réelle et durable du rôle des AESH. Créer un statut de fonctionnaire, investir dans leur formation et renforcer la cohérence du suivi ne sont pas des options mais des conditions essentielles pour garantir une inclusion scolaire de qualité, au service des élèves comme de la communauté éducative dans son ensemble.

Le ministre maintient le projet d’ouvrir une Ulis par collège à la rentrée 2027. Ce projet n’est pas nouveau et pour le SE-Unsa il se heurte à la réalité budgétaire et au peu de départs en formation Cappei.

Pour le ministre, tout ne passe pas par l’aide humaine, il faut travailler sur toute la gamme des réponses, les aménagements, adaptations, l’accessibilité doivent être plus envisagés. Il souhaite « muscler » les formations initiales et continues et veut que les AESH aient vraiment 60 heures de formation à leur prise de poste. Ces formations doivent être tournée vers le geste professionnel et certaines associations de parents pourraient y participer car elles ont une expertise.

Encore une fois, cette affirmation n’est pas nouvelle et reste un vœu pieux. D’autre part, le SE-Unsa maintient que les ressources internes à l’Éducation nationale sont qualifiées et suffisantes pour la formation dans le cadre d’une politique réelle de formation professionnelle, pour tous les personnels.

L'avis du SE-Unsa

Pour le SE-Unsa, il est indispensable de recruter des AESH. Ce ne sont pas les 1 200 postes d’AESH prévus au projet de budget 2026 qui vont améliorer la situation. Outre le recrutement d’AESH, il faut des mesures immédiates et structurelles pour les personnels. Il est indispensable de renforcer la formation initiale et continue, le travail en équipe, la reconnaissance du temps et de l’investissement, le soutien hiérarchique et les moyens matériels. Face à cette immense tâche, les personnels de l’Éducation nationale (enseignants, AESH…) ne peuvent pas tout. Pour le SE-Unsa, le ministère doit mettre à disposition de l’École des personnels d’appui afin de prendre en charge les élèves dans leur globalité et leur permettre d’entrer dans les apprentissages.

Autant de conditions sans lesquelles les bonnes intentions risquent de se transformer en source de découragement voire de rejet de l’inclusion, le ministère sera alors comptable de l’échec de l’École inclusive.


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