Lors de la formation spécialisée santé, sécurité et conditions de travail (F3SCT) du Gard du 11 décembre 2025, le directeur académique (DASEN) a présenté la généralisation progressive des Pôles d’appui à la scolarité (PAS) et son impact en termes d’emplois sur la carte scolaire.

Cette généralisation s’inscrit dans un calendrier pluriannuel, avec une mise en œuvre progressive entre les rentrées 2026 et 2027.

1. Déploiement des PAS et impact sur la carte scolaire

Dans sa présentation, le directeur académique a précisé que le déploiement des PAS dans le Gard s’appuierait sur une montée en charge progressive sur les sept réseaux territoriaux, avec la création de 32 PAS à terme, dont 13 dès la rentrée de septembre 2026, les autres devant être déployés d’ici 2027.
Le périmètre des actuels PIAL est appelé à basculer vers celui des PAS, comme cela a déjà été engagé dans d’autres départements (Meuse, Var), avec l’objectif affiché de « gagner en efficacité ».

Ces PAS seront coordonnés par des personnels relevant à la fois du BOP 140 (1er degré) et du BOP 141 (2nd degré), pour un total annoncé de 15 ETP sur deux ans.
Les coordonnateurs PAS seront rémunérés sur le BOP 141, sans création nette de postes, et le périmètre géographique des PAS reposera en partie sur la carte scolaire existante.

Toutefois, l’administration a explicitement indiqué qu’il n’y aurait aucune dotation supplémentaire : les moyens affectés aux PAS proviendront exclusivement de redéploiements internes, c’est-à-dire que le déploiement se fera à moyens constants, avec des conséquences directes et chiffrées sur l’emploi, et pas uniquement sur les AESH, tant dans le premier que dans le second degré.
Dans le contexte gardois, marqué par une baisse démographique et des suppressions de postes récurrentes (12 postes rendus l’an dernier), cette logique de redéploiement fragilise encore davantage les équilibres de la carte scolaire, l’objectif étant désormais de « rendre zéro poste » lorsque cela est possible.

Cela risque de particulièrement peser dans la prochaine carte scolaire, où la baisse des effectifs risque déjà d’entraîner une disparition importante de moyens. Rappelons que, parmi les pistes pour équilibrer le budget de l’État, la suppression de 4 000 postes d’enseignants est discutée.
Dans ce cadre contraint, la création des PAS apparaît moins comme un investissement nouveau que comme une recomposition interne des moyens existants.

2. Présentation du dispositif

Le DASEN a présenté le passage des PIAL aux PAS comme une évolution positive de l’école inclusive, allant au-delà d’un simple changement de périmètre.
Il a précisé qu’un premier bilan montrait que 83 % des élèves identifiés comme EBEP ne disposaient pas de notification correspondant à leurs besoins, ce qui justifierait, selon l’administration, une réorganisation des modalités de traitement des situations.

Il a mis en avant l’augmentation des candidatures au CAPPEI, la révision des notifications en lien avec la MDPH, la mise en place de commissions pour traiter certaines situations complexes, ainsi que l’adaptation du cahier des charges des EMAS avec l’arrivée de personnels médico-sociaux.

Il a également évoqué un renforcement du travail partenarial avec l’ARS et la MDPH, une meilleure présentation des dispositifs en CDAPH et la création d’un module de formation avec le CHU de Nîmes.  L’objectif affiché est de développer une architecture plus collaborative entre RASED, EMAS, MDPH et PAS, avec un traitement de situations ciblées, présentées comme « complexes » ou « bien identifiées ».

Selon l’administration, ces éléments témoignent d’une prise en compte accrue des besoins des élèves et des difficultés rencontrées par les enseignants, les PAS disposant par ailleurs d’espaces garantissant la confidentialité des échanges avec les familles.
Il a notamment été indiqué que certains sites disposeraient de locaux dédiés à l’accueil des familles, afin de garantir la confidentialité des échanges.

3. Analyse de l’Unsa Éducation

Lors de la F3SCT du 11 décembre, l’Unsa Éducation a souligné comme très positif le rapprochement engagé par la DSDEN avec la MDPH, et en particulier avec la CDAPH, estimant que cette évolution allait dans le bon sens pour une meilleure prise en compte des réalités de terrain, même si elle ne nécessitait pas en soi la création d’un nouveau dispositif.

Toutefois, malgré certains apports, plusieurs limites structurelles du dispositif des PAS interrogent sur sa capacité à répondre aux besoins des équipes et des élèves :

  • Le PAS contribue à un éclatement des moyens (constants) par la superposition de plusieurs dispositifs, rendant leur mobilisation plus complexe et parfois moins lisible pour les équipes, sans garantie d’une meilleure efficacité.
  • La généralisation des PAS donne le sentiment de répondre au manque d’AESH par une réorganisation administrative, sans traiter le problème de fond de l’accompagnement humain insuffisant.
  • Le déploiement des PAS risque de fragiliser d’autres dispositifs existants, notamment les ULIS, par le prélèvement de postes d’enseignants spécialisés. La création de pôles ressources, reposant notamment sur des personnels RASED et CAPPEI (dont le taux de réussite demeure limité), accentue cette tension.
  • Le risque d’empilement des missions sur les mêmes acteurs, notamment lorsque des référents cumulent plusieurs fonctions, accentue la charge de travail et les risques d’épuisement professionnel.
  • Enfin, les pertes indemnitaires constatées pour certains personnels (ISAE, NBI ULIS, primes spécifiques) ne sont pas toujours compensées par l’indemnité de référent PAS, ce qui pose la question de l’attractivité et de la reconnaissance des fonctions.

On peut craindre que les PIAL soient  déployés sans les moyens nécessaires pour fonctionner efficacement. Faute de dotations humaines et financières suffisantes, et en l’absence d’une articulation lisible avec les autres dispositifs existants, cela reviendrait principalement à déplacer les difficultés liées à l’organisation vers les équipes de terrain. Cette situation risquerait d’entraîner une surcharge de travail, de complexifier les circuits de décision et de brouiller les responsabilités, sans améliorer durablement les conditions de travail des personnels ou la qualité et la continuité de l’accompagnement des élèves.

4. PAS une arnaque ?

Alors non, les PAS ne sont pas une « arnaque » au sens d’un dispositif inutile ou entièrement négatif. Leur principal intérêt réside dans le rapprochement avec la MDPH, qui peut permettre de mieux faire entendre les réalités du terrain, les contraintes professionnelles et les effets concrets des décisions administratives sur les équipes.
Ils peuvent également favoriser un repérage plus précoce de certains besoins, notamment pour les élèves relevant d’un accompagnement médico-social.

Mais oui, en l’absence de moyens supplémentaires, les PAS semblent être surtout un outil destiné à pallier le manque d’AESH, en empilant les dispositifs et en éclatant les ressources existantes. Ils reposent sur une logique de gestion au cas par cas, sans réponse de fond, aux véritables besoins des élèves comme des acteurs de terrain, et font peser une pression accrue sur des personnels déjà fortement sollicités.

La vraie question est donc celle-ci : combien de temps les AESH, les enseignants spécialisés, les coordonnateurs PAS et l’ensemble des personnels concernés pourront-ils continuer à compenser le manque de moyens, au prix d’une dégradation continue de leurs conditions de travail et de leur santé au travail ?


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